Cyril ETESSE

Cyril ETESSE

COMEDIEN HUMORISTE



Formidableeeee robot des temps nouveaux !

25 février 2013
Divers - 1 commentaire

Juillet 1978. J'ai 3 ans. Jusque là  abreuvés de simples dessins animés mignons et rigolos sans grande prétention ou suivi narratif, les petits gniards que nous étions découvraient alors un titre qui allait faire grand bruit chez toute une génération : Goldorak.
Cette série, anecdotique au Japon, pays du manga et de ce média magique et plein de rêve qu'est l'animation, débarque chez nous de façon un peu cachée, jugée par la responsable du divertissement jeunesse de l'époque d'Antenne 2 trop violente, mal dessinée et mal animée. Goldorak aura pourtant un succès retentissant, qui entrainera des centaines de produits dérivés de diverse qualité, moult rediffusions et deviendra dès lors le dessin animé emblématique de toute une génération, son triomphe en amenant chez nous bien d'autres, comme Capitaine Flam ou Albator.
Or, Goldorak arrive aussi dans une période obscure sur le plan des droits. Nous sommes dans les années 70, il n'y a pas Internet et le Japon n'est pas trop au courant qu'une série parmi d'autres comme Goldorak cartonne ainsi ailleurs que sur leur sol. La série est multi-exploitée sans que l'auteur original de la BD et inventeur des personnages d'Actarus et Alcor, Go Nagai, ne perçoive grand chose. Dès lors qu'il s'intéresse à  l'affaire, les problèmes arrivent et une longue dispute va opposer sa société de production Dynamic au producteur de la version animée, Tôei Animation. Un immense litige qui aboutit pas loin de la fin des années 90 à  un blocage total de la série qui empêche sa rediffusion ou son édition en vidéo, à  une époque où la demande nostalgique commence à  apparaitre, surtout lorsque en 1997, Dorothée disparait définitivement de l'antenne, et avec elle, les programmes japonais qu'elle a contribué, au travers de ses émissions, à  populariser en France...


Si je parle de Goldorak, c'est pour plusieurs raisons. D'abord, parce qu'avec le Capitaine Flam, c'est certainement la série la plus mémorable de ma jeunesse, un poids lourd qui dépasse le cadre du simple dessin animé nostalgique d'une enfance désormais lointaine. Ensuite, c'est aussi parce que pendant longtemps, j'ai oeuvré pour cette passion de l'animation japonaise sur les forums, et même travaillé dans le secteur, rédigeant des dossiers et articles sur divers titres, connus ou moins connus du public.
Lorsque les séries de mon enfance ont commencé à  toutes ressortir, pour le grand bonheur des distributeurs vidéo d'alors et du public qui en était friand, (Cobra, Capitaine Flam, les cités d'or, X-Or...) la demande se faisait pressante sur Goldorak mais personne ne pouvait le sortir en raison du litige juridique. Pourtant, courant des années 2000, la série ressort au Japon puis en Italie, sous-entendant qu'un accord a été trouvé entre les bagarreurs japonais. Mais rien chez nous ne semblait débloqué et l'attente se fait toujours aussi forte. Les français, souvent trentenaires, qui ont racheté tous leurs souvenirs de Récré A2 ou du Club Dorothée en DVD, veulent Goldorak... Et les professionnels aussi car ils savent qu'il y a de l'argent à  se faire à  la clef.

En 2005, je travaille alors pour Manga Distribution, le plus gros distributeur de dessins animés de ce type à  l'époque, un leader sur le marché qui s'est créé une solide réputation grà¢ce à  des prix très attractifs et une présence forte sur les forums Internet (et donc un lien efficace avec une partie de leur clientèle). A cette époque, MD travaille de concert avec la société du fils de Bruno-René Huchez, l'homme qui, via la firme IDDH, a amené en France la majeure partie des dessins animés qui ont bercé notre jeunesse à  la fin des 70's et dans les années 80. C'est de cette alliance que s'est facilitée en France la sortie en DVD de hits comme Cosmocats, les Maà®tres de l'univers et quelques autres séries qui étaient attendues depuis longtemps par le public nostalgique.
C'est l'été 2005 que sort à  la surprise générale Goldorak. Je m'en souviens bien puisque, mis dans la confidence d'une sortie proche, j'en avais rédigé des résumés pour les jaquettes DVD. Mais cette sortie se fait de façon étrange et surtout, semble se faire à  la façon d'un scénario de série TV ou de film à  complot... Avec Internet et l'effervescence d'une sortie DVD de Goldorak, les dessous de l'histoire sont vite racontés et étalés en place publique : La société de Huchez "aurait" rédigé un contrat d'acquisition de Goldorak en faveur de MD. Mais en parallèle, les dirigeants de MD "auraient" découvert que leurs employés phares travaillaient en sous-marin pour sortir Goldorak (mais aussi Candy parait-il) pour un autre label... Une sorte de complot un peu hallucinant qui n'a pas manqué de consterner toute la profession. En bref, Goldorak sort rapidement chez MD pour court-cicuiter ce projet de sortie chez un futur concurrent, fort du contrat déjà  signé... mais qui a vite été contesté par les japonais, lesquels n'ont jamais autorisé l'exploitation de Goldorak en France, et pour cause, la gestion des droits autour de la série, a toujours été très complexe chez nous, en partie à  cause de la version française, magistrale, dont on a jamais vraiment su de qui elle était la propriété, tant de gens l'ayant revendiquée... Et puis surtout, en ce milieu des années 2000, le dessin animé suscite encore beaucoup de convoitise et d'argent.

Un procès fleuve, qui va durer plus de 5 ans, va opposer MD aux japonais. Après de nombreux rebondissements dignes des meilleures séries TV (victoire en premier jugement des français, appel, pourvoi en cassation etc), MD perd finalement la bataille et va rencontrer hélas de grosses difficultés à  reconquérir son marché : Perte de confiance du public mais surtout des partenaires japonais, dans un contexte de crise du marché vidéo qui tombe au mauvais moment. Au jour d'aujourd'hui, ni MD, ni la société de Huchez n'ont survécu, déposant le bilan comme beaucoup d'autres acteurs du marché du "manga en vidéo". Les nombreuses ressorties, les disponibilités en téléchargement illégal ont fini de saturer un marché fatigué et usé pour un public qui a tourné la page après cette mode de la nostalgie qui a duré tout de même plus de 10 ans... Car il faut bien dire qu'entre-temps, tous les derniers grands dessins animés des années 80, à  quelques exceptions près, sont ressortis, certains avec une grande indifférence des fans, là  où ils auraient cartonné au début des années 2000.
Alors que plus personne n'imagine que Goldorak ne ressortira en France, la Tôei se gardant de tout commentaire lorsqu'on leur évoque la série, c'est avec surprise qu'AB Vidéo, qui a déjà  ressorti les chevaliers du zodiaque ou Dragon Ball Z, annonce pour l'été 2013 des DVD de Goldorak, cette fois avec l'accord des japonais. Le contenu semble alléchant : Présence de la VOST (c'est rare pour de telles séries animées), de la VF intégrale sans censure (les 1ers DVD de MD comportaient les coupes des diffusions les plus récentes) et de tous les génériques existants... Mais on annonce surtout beaucoup (trop ?) de coffrets à  un prix un peu élevé. L'avenir dira si Goldorak peut encore se vendre en 2013 quelle que soit sa forme de vente ou si l'attrait pour les vieilles séries animées des années Récré A2 est définitivement mort de nos jours...

Commentaires

Goose
01 juin 2013  13:38

Kahl,

Je lis aujourd’hui seulement ton billet sur Goldorak .

Oui, clairement l’effet nostalgie est terminé pour 75 ou 80% d’entre nous. Il y avait un moment : avant c’est trop tôt, après c’est trop tard. La fenêtre était entre 2000 et 2010 (pour la majorité d’entre nous en tous cas).

Concernant l’affaire Goldorak en 2005 je trouve très dommage qu’il n’y ai pas eu d’entente : les DVD étaient faits, pressés et déjà  commercialisés. Il y aurait pu avoir arrangement a l’amiable. Les foutres tous à  la poubelle, c’est ahurissant. Concernant le fait que certain employé de MD travailler en sous-marin pour sorti de leur côté Goldorak, je n’ose pas y croire. C’est hallucinant.

Je savais que tu avais travaillé sur le doublage de certaine série chez MD mais j’ignorai que tu avais travaillé aussi sur les Box de Goldorak en 2005 (rédaction des résumés des jaquettes de DVD). Quel gâchis.

Très clairement Kahl, tu es l’une des personnes les plus avertie des questions d’animation et jeunesse des années 80 et 90’ jusque aux années 2000’. Je ne t’arrive pas à  la cheville.



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