Il y a une bonne quinzaine, c'était notre ami Robert du café théâtre le Balladin, qui partait.
Et puis il y a eu les attentats le soir même... Ce vendredi 13 novembre avait été vraiment éprouvant pour tout le monde...
Alors je pensais quand même qu'on soufflerait un peu avant de se prendre une nouvelle mauvaise nouvelle dans les dents...
Pourtant je t'avoue, Lolo, que je n'y ai pas cru à ton histoire ce matin.
Je me réveille ce 4 décembre et je lis quelques messages sur facebook qui racontent que tu es parti. Je savais que ta santé était délicate, mais c'est toujours pareil. Si jeune, on n'imagine pas que telle chose soit possible. Pas maintenant.
Et puis, je lis partout que c'est un canular. Que c'est faux. Dans ma tête je me dis "bien sûr que c'est une connerie... Pas Laurent Violet, quand même"... Et puis, les gens insistent, les bougres.
J'hésite à t'appeler... "Allo, Laurent ? Ah ben non, t'es vivant, alors ?!"
Mais j'ose pas. Je me dis que c'est un peu malsain et que de toute façon, la confirmation va bien tomber. Et elle tombe...
Tu fais chier, Laurent.
Je t'ai vu plusieurs fois en spectacle. A la télé aussi. Je t'avais vu pour la première fois il y a longtemps dans je ne sais plus quelle émission. Je me disais... Putain ce mec avec sa voix cassée, son lapin mort et son sketch en fauteuil roulant, il y va fort !
Et puis on a fini par se rencontrer. Je rencontrais Monsieur Laurent Violet. On a fait des scènes ensemble. Et je m'étais dit presque étonné... Qu'est-ce que ce mec qui dit des horreurs sur scène peut être simple et gentil dans la vie !
Alors oui, tu avais tes excès. Ça faisait partie de toi. Ça nous embêtait au fond, parce que ces excès te rendaient parfois difficile à gérer avant un spectacle. Mais ils te rendaient touchant aussi. Que veux-tu c'est comme ça. Avec ton talent, ta plume mais aussi ta sensibilité et ta manière de brûler ta vie, tu étais un peu le Gainsbourg des humoristes.
Ta simplicité m'avait vraiment marqué. Je me souviens des petits mots que tu laissais aux collègues humoristes dans les loges, sur les murs ou sur des cahiers : "Merci pour les putes dans la loge" par exemple. C'était tellement drôle.
Je me souviens de ce sketch qui nous faisait tant rire, Max et moi. Le fameux sketch où tu balançais sur Michel Leeb ou Brice Hortefeux. Le sketch sur les livres. On avait fait un plateau ensemble à Marseille et tu nous avait dit "Ce soir, je ne sais pas encore ce que je vais jouer". Avec Max, on t'avait demandé ce sketch. Allez Laurent, s'il te plait !
Dominique, qui produisait la soirée, n'était pas trop fan du sketch en question. Je la revois tout sourire dire "oh non, pas celui-là, t'en a des mieux !"
La soirée arrive et hop ! Entre "le lapin mort" et "Manger du chien", voilà que tu nous faisait le sketch sur Michel Leeb. Et qu'est-ce qu'on s'est marré. Je te revois nous filer des petits clins d'oeil vers les coulisses. C'est con, mais c'était un peu pour nous que tu jouais ce morceau ce soir-là. On en était heureux et fiers et toi, tout heureux de faire plaisir à des potes.
C'était tout ça Laurent Violet. Un coeur d'or. Un coeur écorché, mais tellement sympa. Et simple. Bien loin du star system qui semble aujourd'hui, au travers ses hommages jusque dans la Presse People, se rappeler que tu es un grand parmi les grands. On ne va pas leur reprocher non plus. C'est bien qu'il y ait des hommages. Tu le mérite.
J'écris un peu sans trop réfléchir ce qui me vient à l'esprit te concernant. Parce que je ne réalise pas encore que tu es parti pour de bon ce matin. Dans quelques jours, on aura pleinement réalisé et la douleur sera sans doute un peu trop forte.
Alors Lolo, belle route à toi. J'espère que là-haut, avec Robert du Balladin, tu vas pouvoir jouer tous les soirs sur une belle scène devant une salle pleine. Je t'embrasse, te dis merci. Et te dis aussi que, putain quand même, tu fais chier... T'aurais pu attendre encore un peu...